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François Pompon, est né le 9 mai 1855, à Saulieu, en plein coeur de la Bourgogne.
[] A quinze ans, il part en apprentissage chez un marbrier de Dijon. Le jour, il apprend à tailler la pierre. Le soir, il suit des cours d'architecture puis de gravure et de sculture.
A vingt ans, François Pompon monte à Paris. Il trouve rapidement du travail dans une entreprise funéraire proche du cimetière de Montparnasse [où] il taille et grave des pierres tombales.
Mais il s'est aussi inscrit à la Petite Ecole, la future Ecole des arts décoratifs. [] L'un [de ses] maîtres [], Pierre Rouillard, [] célèbre sculpteur animalier [lui] fait découvrir [] la ménagerie du Jardin des Plantes qui, plus tard, deviendra son atelier de plein air favori.
[] Pour gagner sa vie, Pompon est praticien : il taille dans la pierre ou le marbre les oeuvres d'autres sculpteurs, des sculpteurs reconnus qui ont besoin d'aide pour faire face à de grosses commandes. []
Ouvrier chez les autres, Pompon redevient artiste chez lui. Sa spécialité, c'est le portrait. Il espère bien faire carrière dans ce domaine. Il sculte en plâtre [] la famille ou les proches. Car des modèles professionnels coûteraient trop cher.
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A trente-trois ans, il réalise une oeuvre plus ambitieuse destinée à le faire connaître. Sa Cosette lui vaut une médaille. Pourtant Pompon est déçu : il souhaitait une commande de l'Etat.[] |
De 1890 à 1895, Pompon travaille chez le célèbre sculpteur Auguste Rodin. Son atelier est un turbulent carrefour où se retrouvent les jeunes artistes de talent. Etre praticien chez Rodin, c'est la meilleur école qui soit. Pompon a de l'admiration pour ce maître qui a quinze ans de plus que lui. Mais pas à tout prix. Lorsqu'en 1893, Rodin "oublie" de le payer, il n'hésite pas à lui faire un procès. Cela n'empêchera pas Rodin de lui confier, cette même année, la direction de son atelier. []
A partir de 1896, Pompon cesse de travailler pour Rodin. Son nouveau patron s'appelle René de Saint-Marceaux. Lui aussi a un atelier important à Paris. Pompon est bientôt employé à plein temps. L'été, il prend l'habitude d'accompagner les Saint-Marceaux dans leur propriété de Cuy-Saint-Fiacre, en Normandie.Il y passera dix sept étés en compagnie de sa femme Berthe. Là-bas, malgré un emploi du temps chargé, il retrouve enfin le temps de travailler pour lui. Mais pas à de grandes compositions ! Ses sujets sont modestes, proches et pleins de bonne volonté. Ce sont les poules, les coqs, les lapins et les dindons de la ferme d'à côté.
En 1905, Pompon abandonne définitivement le portrait pour se consacrer à ses chers animaux. Ce qu'il cherche, ce n'est pas à les copier fidèlement mais à les comprendre. En simplifiant leurs formes, c'est leur esprit qu'il veut saisir. []
A Paris aussi, il ya des animaux.[] La ménagerie du Jardin des plantes est un fabuleux observatoire de la vie sauvage. Et Pompon, un bien étonnant [] chasseur de mouvement. [] Il ne se contente pas d'observer les animaux, il les suit. Il avoue : "Je ne saurais étudier un animal au repos." Ce qui l'intéresse, c'est "l'animal qui se déplace". [] Patient, il peut guetter un animal des jours et des jours d'affilée, pour saisir la bonne attitude.
[] Peu à peu, d'esquisses en esquisses, l'animal prend forme. Son contour se simplifie. Pompon procède toujours par élimination. Il sculte d'abord l'animal en détail "avec presque tous ses falbalas". Puis il élimine progressivement les détails pour "ne plus conserver que ce qui est indispensable". [] Regardez le rapace : il est réduit à sa plus simple expression : un ovale fuselé comme la carlingue d'un avion, un bec acéré, un creux pour les orbites. []
Il faut beaucoup aimer pour observer aussi attentivement. Est-ce leur silence qui rend les animaux si proches du très réservé Pompon ? Peut-être. Peut-être aussi les trouve-t-il moins compliqués que les hommes. Pompon remarque [que] "Les bêtes posent fort bien et même beaucoup mieux que les hommes et les femmes." Jamais ils ne perdent leur naturel.
Chez Rodin, Pompon a appris qu'il fallait éviter les creux trop marqués qui piègent la lumière et les arêtes trop vives qui cassent la ligne. Il va plus loin. Il arrondit les angles, tous les angles. Il polit et repolit ses animaux pour qu'ils s'inscrivent dans une belle forme fermée et ronde. [] Inlassablement, à la râpe, à la lime, au papier abrasif, il gomme les imperfections. On a envie de toucher, de caresser ces formes surlesquelles la lumière joue.
Lorsqu'il commence à exposer ses animaux ronds et lisses, les critiques ricanent : les oiseaux de Pompon n'ont pas de plumes ! []
A partir de 1905, Pompon ne sculpte plus que des animaux, [] de très petite dimension. Les amateurs d'art méprisent un peu ces bestioles-bibelots, tout juste bons à décorer le dessus d'une cheminée. Pendant des années, les petites bêtes attendent sagement, sur des étagères de l'atelier, qu'on veuille bien s'intéresser à elles. Cette indifférence vaut à Pompon des années de misère. Car, à la mort de René de Saint-Marceaux, en 1915, il a perdu son emploi de praticien. Et personne ne veut employer un monsieur aux cheveux si blancs, surtout en pleine guerre.
C'est René Demeurisse, un jeune peintre ami de Pompon, qui, un peu par hasard, découvre les animaux de plâtre alignés en rang d'oignon sur les étagères de l'atelier. [] Séduit, Demeurisse parle de Pompon autour de lui et invite ses amis à visiter l'atelier. Le sculpteur Antoine Bourdelle conseille à Pompon de travailler en grand. L'idée d'un grand ours est lancé.
Novembre 1922 : comme chaque année, depuis presque vingt ans, le Salon d'automne ouvre ses portes. [] Cette année-là, c'est un bel ours polaire qui tient la vedette. Avec son oeil en amande, son museau éffilé et ses oreilles en pointe, on le croirait échappé de sa banquise. Décidé, presque souriant, il semble avancer en roulant des épaules.
[C'est ainsi que Pompon accède au] succés et à la gloire. La roue a tourné : le vieil ouvrier fait à son tour travailler des praticiens. Depuis qu'il est célèbre, Pompon reçoit de nombreuses commandes. Son expérience de praticien lui permet de contrôler la qualité de toutes les reproductions en bronze. Ce travail long et délicat est confié [] aux fondeurs.
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A partir de l'original, on fait un moule. Ici un moule à bons creux, constitué de mlusieurs morceaux, qui pourra resservir |
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On retire l'original, on dispose des tiges de fer dans le moule et on le remplit avec une terre qui résiste à la chaleur. |
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A l'aide d'un outil, on enlève un peu d'épaisseur à la surface du moulage. On obtient le noyau qu'on enferme dans le moule, puis on coule de la cire liquide qui prend la place du vide entre le noyau et le moule. |
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On retire le moule. On dispose des boudins en cire tout autour de la sculture. Ils deviendront les tuyaux d'alimentation qui permettront le coulée du bronze. On enferme le tout dans un nouveau moule très résistant qui ressemble à une momie. On fait chauffer. La cire fond et s'échappe par des trous prévus à cet usage. Entre le noyau et le moule, il y a maintenant du vide. |
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On fait chauffer le bronze (mélange d'étain et de cuivre) à très forte température (entre 1000 et 1200 degrés). Une fois liquide, on le coule, il vient prendre la palce du vide. On attend que cela refroidisse. On casse le moule. On cisaille tout ce qui dépasse. On enlève le noyau. |
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La statue est creuse |
C'est en 1924 que Pompon expose pour la première fois sa panthère. [] Avec une extraordianire économie de moyens, Pompon dit tout. Il raconte l'exaspération de la bête prise au piège dans sa cage, le va-et-vient du félin prêt à bondir. La lumière, en glissant sur les muscles puissants de l'animal, donne l'illusion du mouvement. Elle avance ... Sans un bruit, majestueuse et hautaine. []
Maintenant on vient de loin pour visiter l'atelier de Pompon ; on expose ses euvres à l'autre bout du monde, on le décore de la Légion d'honneur.Mais la célébrité de change rien à ses habitudes. [] Il continue à modeler et à lisser ses petites bêtes.[]
Pompon meurt le 6 mai 1933, à soixante-dix-huit ans.
Aujourd'hui encore, à Saunlieu, le grand condor lisse et imperturbable n'en finit pas de le veiller.
Ce texte et les photos (sauf l'ours blanc et le grand condor) sont extraits du livre de Marie SELLIER paru dans la collection L'enfance de l'art aux éditions des Musées Nationaux.
Connaissez-vous l'autre célébrité de Saulieu ?