dimanche 14 septembre 2014

Aller à l'école

Alors que la rentrée scolaire est derrière nous, qu'enfants et adultes ont pris leurs marques, que les nouveaux rythmes se mettent tant bien que mal en place, je vous présente un film et un livre qui m'ont enchantée.

SUR LE CHEMIN DE L'ECOLE

peut nous aider à remettre à leur juste place nos préoccupations occidentales, qui sont à la hauteur des progrès et des maux de la modernité des pays développés. Loin des querelles liées à l'organisation des nouveaux rythmes scolaires pour favoriser les temps d'apprentissage, du gouffre entre les intentions de la réforme et la réalité sur le terrain, loin d'un monde mené par le bout du nez par le dieu "COMMUNICATION" (un bon exemple avec l'auto-promotion du site de l'Education Nationale), il y a des enfants qui se mettent en danger et qui produisent des efforts immenses pour se rendre à l'école et qui en sont HEUREUX : leurs sourires ne trompent pas.

Dans le film (sorti en septembre 2013 - César du meilleur film documentaire en 2014) nous accompagnons Samuel, Zahira, Jackson et Carlito (de gauche à droite sur l'affiche). Marie-Claire Javoy, coscénariste du film, a élargi dans le livre la présentation à Katia, Trévor et Ayi.
 
Samuel, Carlito, Ayi et Jackson prennent le chemin quotidiennement, Zahira, Katia et Trévor sont en pension. Le trajet est plus ou moins long, parcouru le plus souvent à pied, sur des chemins chaotiques. Les distances se mesurent en kilomètres, le temps passé à les parcourir ne se compte pas en minutes, mais en heures ou en jours !

Les paysages (région australe de Patagonie en Argentine, montagnes de la province du Shaanxi en Chine, plateau de Laikipia au Kenya, Haut-Atlas au Maroc, péninsule de Taimyr à l'extrême nord de la Sibérie occidentale, Outback en Australie profonde) sont majestueux et magnifiques (il faut voir le film au moins pour cette raison). 

Mais ils peuvent être aussi arides et hostiles. Ainsi Trévor vit "sur une exploitation agricole grande comme un département français. Ses plus proches voisins se trouvent à 70 kms de piste. Son école est à 700 kms."
"L'école d'Ayi est arrimée au sommet d'une montagne à 2800 m d'altitude", alors qu'Ayi habite dans le creux de la vallée. Le peuple nomade des Dolgan, auquel appartient Katia, se déplace sur la toundra où la température descend en-dessous des -40°. Jackson et sa petite sœur doivent être vigilants et prévoyants pour éviter de croiser en chemin des éléphants, Ayi doit affronter les macaques qui essaient de lui voler son sac à dos, et finissent par lui lancer des cailloux. Quand à Samuel, son fauteuil roulant bricolé à partir de vieilles roues et d'une chaise de jardin en plastique, a bien du mal à franchir les obstacles ensablés d'un village côtier dans le Sud-Est de l'Inde.

"Sur le chemin de l'école" nous fait partager aussi le quotidien de ces enfants et leurs familles. Une mention spéciale à Gabriel, petit frère de Samuel, "la joie de vivre incarnée".

Alors, oui, vouloir comparer le chemin que parcourent ces enfants avec celui que parcourent les enfants sur le sol français est peut-être hasardeux ... Mais voir ces enfants mettrent autant d'entrain et de vigueur pour aller à l'école m'a rappelé combien il faut relativiser les soucis croisés au quotidien. 

Et puis, quel sens a aujourd'hui l'école dans notre société ? Quel rôle lui donnons-nous ? Pour ces enfants qui font preuve de courage et leurs parents qui font des sacrifices, l'école sert à apprendre "leur esprit à raisonner, pour comprendre le monde, acquérir une largeur de vue et cultiver [leurs] talents". Le but ultime étant d'accéder à des conditions de vie meilleures. Même si, comme la "brigade" de Katia, qui regroupe 4 foyers, tous savent que l'instruction peut faire perdre leurs racines aux enfants, en les éloignant de leurs coutumes et traditions.

Le film, à voir en famille, est un plaisir pour les yeux. Le livre, qui le retranscrit fidèlement (un support intéressant d'ailleurs pour illustrer ce qu'est une description) , apporte d'autres éléments de compréhension, en particulier l'état d'esprit des adultes qui font le choix d'instruire leurs enfants.