mardi 22 juillet 2014

A chaque époque son problème

Il y a quelques mois, un article paru dans Le Parisien (3/12/2013) avait retenu toute mon attention. Il présentait brièvement les résultats de l'enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) de 2012. Cette enquête internationale, réalisée par l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) dans 65 pays, a pour objectif d'évaluer les performances des jeunes âgés de 15 ans en compréhension de l'écrit, en mathématiques et en sciences. En France, 5700 élèves de 15 ans, scolarisés au collège ou au lycée, y ont participé. L'enquête PISA 2012 s'est focalisée sur la culture mathématique. Plutôt que la maîtrise d'un programme scolaire déterminé, ce test évalue l'aptitude des élèves à appliquer les connaissances acquises à l'école dans les situations de la vie courante. 

C'est pourquoi un des problèmes posés était le suivant :
"Dans une pizzéria, la pizza de base comporte deux garnitures : du fromage et des tomates. Vous pouvez y ajouter des garnitures supplémentaires, à choisir parmi les quatre suivantes : olives, jambon, champignons et salami. Thierry veut commander une pizza avec deux garnitures supplémentaires. Entre combien de combinaisons différentes Thierry peut-il choisir ?"
Pour information, le taux de réussite des Français à cette question est de 59 % (moyenne de l'OCDE : 48,8 %). 

Si ce problème avait autant retenu mon attention, c'est parce qu'il faisait pendant à celui que j'avais lu quelques temps auparavant dans "Claudine à l'école" (qui raconte la vie d'une écolière à la fin du 19ème siècle) et qui m'avait alléché (p.35). Les auteurs mentionnés sont Willy et Colette mais l'ensemble des Claudine ont été en fait écrits seulement par Colette dont j'ai déjà parlé dans guedelon-au-pays-de-colette) 
 
"Un ouvrier plante des piquets pour faire une palissade. Il les enfonce à une distance telle les uns des autres que le seau du goudron dans lequel il trempe l'extrémité inférieure jusqu'à une hauteur de trente centimètres se trouve vide au bout de trois heures. Étant donné que la quantité de goudron qui reste au piquet égale dix centimètres cubes, que le seau est un cylindre de 0,15 m de rayon à la base et de 0,75 m de hauteur, plein aux 3/4, que l'ouvrier trempe quarante piquets par heure et se repose huit minutes environ dans le même temps, quel est le nombre de piquets et quelle est la surface de la propriété qui a la forme d'un carré parfait ? Dire également quel serait le nombre de piquets nécessaire si on les plantait distants de dix centimètres de plus. Dire aussi le prix de revient de cette opération dans les deux cas, si les piquets valent 3 francs le cent et si l'ouvrier est payé 0,50 F de l'heure"

Deux belles illustrations (à mon goût) de l'évolution de la vie courante 
à un siècle d'intervalle ...

Avant de poster ce message, sachant qu'au moins un de mes lecteurs s'amuserait à faire ce problème, je me suis astreinte à le résoudre car j'ai le souvenir de n'être pas si mauvaise dans ce genre d'exercice. Bien m'en a pris : après m'être torturé le cerveau à calculer le contenu du seau (je ne devais pas être si bonne que çà !), force est de constater qu'il manque au moins une information pour trouver la solution. En plus, il était sacrément doué l'ouvrier pour tremper les piquets sur une hauteur de 30 cm : la profondeur de départ était de 56,25 cm, il arrivait bien un moment où il n'y avait plus 30 cm de goudron !
Il semblerait que l'esprit farceur de Claudine/Colette présent tout le long du livre se soit faufilé jusque dans cet énoncé !

A mon tour d'inventer un problème :
Deux personnes quittent le point A lundi à 9 heures.
 
 Elles se déplacent à vélo
Lorsqu'elles pédalent, leur moyenne est de 16,6 km/h.

Mais elles ne font pas que pédaler :
elles s'alimentent (2h30 par jour)
elles musardent sur les jolies routes de France,
 Elles font du tourisme et prennent des photos 
(soit 2h de pause par jour) :
du patrimoine architectural
Châtelet en Brie (77)
Milly la Forêt (91)

Nogent le Roi (28)
L'aigle (61)
Vimoutier (61)
Beuvron en Auge (14)
Cabourg (14)
Deauville (14)
Honfleur (14)
 des paysages

à l'affût de l'insolite, du surprenant
le monument aux morts et l'église de Barbizon (77)
Marie HAREL, fermière qui inventa le camembert au XVIIIè siècle. Vimoutier
Villers sur Mer (14)
Deauville (14)
 
Giverny (27)
 Elle cueille des fleurs
ou se contente de les admirer
Elles dorment (10h par nuit)
Le Soleil d'Or - Le Neubourg
elles font un brin de toilette (1/2 h par jour)
Le Soleil d'Or - Le Neubourg
Elles défont et font les sacs (1/2 h par jour)
 Un soir elles ont planté la tente 
 (compter 1 h pour le montage et démontage)
Sachant qu'elles ont rejoint le point A samedi à 19 h, 
combien de kilomètres ont-elles parcouru ?

samedi 5 juillet 2014

Escapade lyonnaise : 2ème journée

La journée a commencé par la visite de l'exposition "La mode en temps de guerre" 
au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD)
Le bâtiment qui accueille le CHRD depuis octobre 1992 n'a pas été choisi au hasard. Construit en 1894, il a hébergé jusqu'en 1981 l'école des Services de Santé Militaire. Il a été investi par la Gestapo, dirigée par Klaus Barbie, de mars 1943 à mai 1944, date à laquelle il a été presque totalement détruit par un bombardement allié visant les installations ferroviaires situées à proximité. La ville de Lyon, propriétaire des lieux, entame sa réfection dès 1945. Elle sera achevée en 1962, donnant à l'espace Berthelot sa configuration actuelle.
Nous sommes partis ensuite à la découverte du Vieux Lyon, "plus bel ensemble Renaissance de France [avec] ses joyaux architecturaux (Hôtels Bullioud, d'Estaing, Paterin, Gadagne, galerie Philibert Delorme, Tour Rose, loge du change...) et d'insolites traboules."
Ce quartier a failli être détruit "dans les années 60 par un projet de boulevard urbain traversant le quartier historique de part en part. [   ] [C'est ] l’intervention du ministre de la Culture, André Malraux en 1964, [qui en] permettra la sauvegarde."
Il est inscrit a patrimoine de l'UNESCO depuis 1998.

Sur notre chemin, nous avons d'abord croisé
LA CATHEDRALE SAINT-JEAN
Ces dimensions sont 80m de long pour 26m de large et 32,5m de haut.  Initialement, l'architecture est d'inspiration romane mais les travaux vont durer plus de trois cents ans. Le mariage entre les styles roman et gothique, voire gothique flamboyant, témoigne de cette longue construction. La chronologie est lisible à l'intérieur de la cathédrale : les parties occidentales sont romanes et plus l'on s'avance vers la façade, plus le style est gothique. Malheureusement, nous n'avons pas pu nous en rendre compte, l'intérieur étant en travaux.

Puis nous avons déambulé et admiré :
LA MAISON DES AVOCATS
Située à l'angle de la rue de la Bombarde et de la rue Saint-Jean, elle est constituée de plusieurs corps de logis et d'une galerie sur cours de type toscan. La partie la plus ancienne a été construite dans la première moitié du XIVème siècle. Elle abrite aujourd'hui le musée de la Miniature et du Cinéma.

La Ville de Lyon, propriétaire des lieux, n’en a pas moins entamé dès 1945 une réfection des bâtiments, confiée aux architectes Victor Clermont et Etienne Deschavannes. La façade avenue Berthelot, la plus dévastée, est démolie en mars 1946. Mais les matières premières font cruellement défaut, différant d’autant le projet de sa reconstruction, qui n’intervient qu’en 1958. En novembre 1945, des vols signalés dans la partie en cours de réaménagement, ce malgré la clôture qui a été apposée, laissent à penser qu’ils ont pu être commis depuis les caves, qui communiquent entre elles par un réseau de couloirs reliant les différents pavillons, aussitôt murés. En 1947, le mât en bois de la cour d’honneur est remplacé par un mât métallique tubulaire de 20 mètres de haut.

Le chantier s’achève en 1962, donnant à ce que l’on dénomme aujourd’hui « l’Espace Berthelot » sa configuration actuelle.
L’ancienne Ecole du Service de santé militaire, délocalisée à Bron en 1981, a désormais cédé le pas à un ensemble d’équipements à vocation scientifique, culturelle et éducative. - See more at: http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/lhistoire_du_musee/#sthash.Q3wNrJP4.dpuf
LA MAISON DU CHAMARIER
connue aussi sous le nom d'HOTEL D'ESTAING (du nom de son premier occupant le chanoine-comte François d’Estaing, grand dignitaire du chapitre de Saint-Jean (évêque de Rodez en 1529), détenant le titre de Chamarier).
La maison actuelle est l'un des rares bâtiments du XVème siècle conservé dans le Vieux Lyon, elle témoigne de la transition entre le style gothique flamboyant et la Renaissance.
L'habitat médiéval morcelé est transformé en une vaste demeure qui adopte le schéma classique de la maison urbaine de la Renaissance : plusieurs corps de logis reliés par des galeries extérieures ouvertes desservies par un escalier en vis (inscrit dans une tour), [autour d'] une cour intérieure.
La magnificence de la maison, façade et intérieurs, trahit l'importante position sociale du propriétaire.

Un puits et une fontaine, attribués à l’architecte Philibert Delorme, ornent la cour intérieure de cet hôtel devenu une des plus belles demeures du quartier.
Le puits daté de la fin du XVIème siècle est remarquable par ses proportions et la richesse de ses décorations. 


La construction s’élève légèrement au-dessus du sol et se compose de trois parties:
  • le soubassement avec une double rangée de caissons décorés de rosaces
  • le puits lui-même couvert par une trompe décorée d'une coquille
  • la couverture, composée d’une coupole surmontée d’un lion sculpté.
Plusieurs fois transporté, il a finalement repris sa place originelle dans la cour de la maison du Chamarier.

La fontaine située juste à côté est un édicule qui venait en complément du puits. Construites en forme de niche, ses décorations sont similaires à celles du puits.


Puis nous sommes partis à l'assaut de la colline de Fourvière, où se trouvent les plus anciens vestiges de la ville gallo-romaine, auxquels nous ne nous sommes pas intéressés. (Il faut bien en garder pour la prochaine fois !)
Le funiculaire (qui porte le joli nom de "ficelle") étant enterré, nous avons préféré emprunter les escaliers. Ce n'est pas quelques 237 marches qui allaient nous arrêter !
Nous avons traversé le jardin du Rosaire (dont je n'ai malheureusement pas de photo), qui permet d’accéder à Fourvière depuis les quartiers du Vieux-Lyon,  par la Montée Saint-Barthélemy ou par la montée des Chazeaux.  Il fut aménagé au XIXème lors de la construction de la Basilique pour permettre le passage des processions en l’honneur de la Vierge Marie.
Son nom vient du Rosaire. Chaque station est marquée par une plaque au sol. Des petites roses de bronze dont certaines numérotées, sont incrustées dans le sol des allées et indiquent  les étapes de la prière du rosaire.
Ce jardin, aménagé en 1990, à la composition végétale travaillée, offre de grandes zones d’ombre grâce aux marronniers, tilleuls ou érables présents sur le site.  Les feuillages persistants des fusains, buis et houx permettent en toute saison d’évoluer dans un espace de verdure.
Au fur et à mesure de son ascension on découvre des perspectives magnifiques sur la ville et le chevet de la Basilique.
Depuis la plus haute antiquité, la colline de Fourvière – la colline qui prie - est un haut lieu de la vie spirituelle et culturelle de Lyon. C’est à Fourvière que les premiers chrétiens exprimèrent leur foi. Dès le haut Moyen-Age, le lieu devient un sanctuaire marial, plaçé sous la protection de Marie. En 1168, une petite chapelle est construite. Dix ans plus tard, apprenant l’assassinat de l’archevêque Thomas de Cantorbery dans sa cathédrale, l’évêque de Lyon décide d’y associer sa mémoire.
Au XVIIème siècle, la colline prend une nouvelle importance. Alors que la peste sévit dans la région, les échevins de la ville font en 1643 le vœu de monter en pèlerinage chaque année à Fourvière si l’épidémie s’arrête. Leur vœu est exaucé et aujourd’hui encore, le Maire et les élus de Lyon viennent chaque année renouveler le vœu des échevins. Dès lors, les pèlerinages se multiplient et la chapelle, même agrandie, devient rapidement trop petite.
En 1830, le clocher de la chapelle, menaçant ruine, est démoli. On décide de le reconstruire et de le surmonter d'une statue dorée pour laquelle le sculpteur Fabisch remporte le concours. L'inauguration devait avoir lieu le 8 septembre 1852, fête de la Nativité de la Vierge, mais les fortes précipitations ont pour conséquence l'inondation de l'atelier du fondeur et l'on se voit forcé d'en reporter la date au 8 décembre. La statue est mise en place mais le mauvais temps est encore de la partie et les festivités prévues, tels que les feux d'artifices, ne peuvent avoir lieu. Spontanément, les Lyonnais, par dévotion, mettent alors des lampions à leurs fenêtres en profitant d'une accalmie dans la soirée. Cet événement est à l'origine des illuminations du 8 décembre..
En 1870, pendant la guerre franco-prussienne, les Lyonnais font le vœu d’agrandir le sanctuaire si la ville est épargnée par les armées prussiennes. Leur prière est exaucée et en 1872, la première pierre de la basilique est posée. L’architecte choisi est Pierre Bossan, architecte atypique, qui a déjà construit à Lyon l’église St Georges. Son œuvre sera poursuivie par l’architecte Sainte-Marie Perrin.
La basilique est remarquable par son style, par la diversité des matériaux employés et par la richesse de sa décoration intérieure. Dans une vision mystique de la religion, Pierre Bossan a voulu construire un édifice parlant, qui exprime la grandeur de la foi. Ses quatre tours et ses murailles crénelées à contreforts lui donnent l’aspect d’une forteresse, qui symbolise la foi sans faille de la Vierge Marie. 

Par contraste, l’intérieur avec ses murs recouverts de mosaïques est une véritable maison d’or et de lumière, à la gloire de la Vierge Marie. Toute la basilique a été construite selon un schéma symbolique : pour faire passer le pèlerin ou le visiteur de l’obscurité à la lumière de la foi.


J'avoue que lorsque j'ai pénétré à l'intérieur de cet édifice, j'en ai eu littéralement le souffle coupé. Une émotion immense m'a submergée à la vue de cet espace si richement décoré.
 
 
Les  6 mosaïques murales ont été réalisées d’après les cartons de Charles Lameire et exécutées magnifiquement par les ateliers Martin de Paris. On peut voir Jeanne d’Arc délivrant Orléans, l’arrivée de Saint Pothin à Lyon, le Concile d’Ephèse,  le vœu de Louis XIII, la Bataille de Lépante, la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. (source : http://www.patrimoine-lyon.org)





"La crypte (église basse) est accessible par  un escalier de marbre rouge, chef d’œuvre de Sainte-Marie Perrin, à double révolution.  On pénètre alors dans un lieu sombre, impressionnant  qu’est cette vaste chapelle consacrée à Joseph. Ce lieu est  défini comme étant celui qui symbolise l’Ancien Testament et l’ignorance des hommes avant  la venue du Christ"(source : visitelyon.fr)
 




 Avant de regagner la gare, nous avons encore flâné dans le Vieux Lyon





Cette ville doit recéler d'autres merveilles, que nous découvrirons lors d'une prochaine escapade.

Pour rédiger ce message, je me suis aidée du site "patrimoine-lyon.org" (textes écrits en bleu) et du site "fourviere.org" (textes écrits en mauve).