samedi 13 avril 2013

Culture générale pour atelier mémoire

Pour mesurer sa culture générale, il suffit de se brancher sur les nombreux jeux que nous proposent nos chers médias.  Enfin, je ne suis pas vraiment certaine que ce soit la seule raison pour laquelle des milliers - millions ? - de personnes se collent devant leur petit écran aux heures des repas.  Dans cette course féroce à toujours plus (les sommes gagnées me laissent pantoise), il y en a au moins deux (à ma connaissance) qui sortent du lot, tellement les gains et cadeaux sont dérisoires. Ils ont aussi en commun leur longévité. Je veux bien sûr parler de l'émission Questions pour un champion (qui fêtera ses 25 ans en novembre 1988) que je regarde en vacances dans l'Aveyron. Mais j'avoue que je n'apprécie pas particulièrement Julien Lepers. Je suis plus fan de  l'autre émission de culture générale qui tient la route depuis ...1958 : le jeu des mille euros sur France Inter. 

Qui dit mieux ? C'est le jeu le plus ancien du paysage radiophonique. Il a été créé par Henri Kubnick sous le nom de 100 000 francs par jour, puis de nombreux animateurs se sont succédé pour sa présentation, dont Lucien Jeunesse de 1965 à 1995 (l'émission s'appelle alors "Le jeu des mille francs"), Louis Bozon jusqu'en 2008. Nicole Stoufflet a pris le relais et officie aujourd'hui. Drôle de planning professionnel pour ces animateurs : ils parcourent pendant quelques semaines les routes de France, loin de chez eux.
Car contrairement aux autres émissions, où les candidats se déplacent dans les studios d'enregistrement, ici c'est l'émission qui se déplace dans les régions. Autre particularité : les questions sont envoyés par les auditeurs. Elles sont classées en trois catégories en fonction de leurs difficultés : bleue, blanche, rouge. Les candidats, au nombre de deux (ils sont partenaires et non adverses) doivent répondre à 6 questions. Ils ont  trente secondes pour répondre à chaque question, les secondes sont égrenées au son d'un petit  métallophone à 4 lames. Répondre correctement aux 6 questions permet d'accéder au Banco et au Super Banco, lesquels sont respectivement dotés d'un gain de 500 € et 1000 €. Mais les candidats ne sont pas obligés de tenter le Banco : avoir répondu aux 6 questions permet de gagner 150 €. Quand je vous disais que les gains étaient dérisoires !
Voilà pour quoi j'aime écouter cette émission : c'est une niche au milieu d'un monde où il faut toujours aller plus vite, être plus fort que les autres. Ce qui me mets particulièrement en joie, c'est quand les candidats ne trouvent pas la bonne réponse : la personne qui a envoyé la question gagne entre 15 et 45 € en fonction de sa difficulté ! Ah, j'oubliais : les candidats qui perdent au Banco repartent avec ... un transistor. A l'heure des tablettes et autres gadgets de communication, n'est-ce pas réjouissant ? J'en entends ricaner : c'est qui cette vieille réac qui ne veut pas vivre avec son temps ? Je ne dois pas être la seule : ce jeu est l'émission radiophonique la plus écoutée à 12h45  (en 2008, 1,395 million d'auditeurs soit 15,6 % de part de marché - Wikipédia). Et encore mieux : lorsque Lucien Jeunesse est parti à la retraite en juin 1995, la direction de France Inter a supprimé le jeu ... qui a repris en septembre de la même année car les auditeurs avaient massivement protesté.

Je vous parle de ce jeu (qu'en fait j'écoute peu : seulement quand je suis en voiture à son heure de diffusion) car la question du Super Banco du 9 avril a retenu mon attention : Les aphérèses et les apocopes ont chacune une influence sur les mots, qu'ils soient écrits ou parlés. Quelle est cette influence ? Ne sont-ils pas jolis ces noms bizarres ? Tellement bizarres et inconnus dans mon vocabulaire, que j'ai cherché au moins 5 minutes avant de les trouver dans le dictionnaire : comment les écrire ?
Ils enlèvent ( étymologie latine : aphaeresis), retranchent (étymologie latine : apocopa) un ou plusieurs phonèmes à un mot : l'apocope à la fin du mot (cinématographe devient cinéma), l'aphérèse au début du mot (autobus devient bus). Vous le saviez ? Pas moi, ni les candidats qui ont chuté sur cette question.

Voilà une manière bien agréable de s'instruire, de faire fonctionner ses neurones. Podcaster cette émission et l'utiliser comme support d'atelier mémoire en maison de retraite me paraît être une alternative au jeu papier "le baccalauréat" à étudier de près ! J'ose même un appel aux dirigeants de ces structures : modifier l'heure des repas afin que les résidents qui le souhaitent puissent écouter le jeu des mille euros en direct. Non, non, ce n'est pas une utopie (projet dont la réalisation est impossible, conception imaginaire) : c'est être créatif, c'est à dire sortir des sentiers battus, envisager toutes les solutions possibles, même si elles paraissent farfelues, hors normes. 

2 commentaires:

  1. Je partage ton avis concernant Lepers. J'écoute aussi le jeu des mille euros, impression né, en général, par la culture générale des candidats. Mais une autre qu'un regardait en famille et qui n'est pas toute neuve (1965), c'est "les chiffres et les lettres". En général, Papa gagnait les chiffres et Maman les lettres.

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  2. Si je connaissais "Apocope" qui sont fréquentes en espagnol, l'autre mot (que j'ai déjà oublié) m'était inconnu. Ah! la mémoire !! La mienne est souvent défaillante et ce n'est pourtant pas l'âge qui en cause. J'ai développé des astuces pour que cela passe inaperçu (ou presque)dans ma vie quotidienne. Je fais des listes pour tout... comme je retiens mieux quand je passe par le visuel, j'écris et je retiens... pour les contes que j'aime dire, je passe aussi par l'écrit.
    Je note ainsi quelque fois les réponses aux questions, elles s'inscrivent mieux dans ma mémoire. Avec les enfants, nous aimons écouter "les défis du professeur Gersal" de France bleu midi.Là encore, les gains sont dérisoires, un livre, un CD.. et pour tous le nœud papillon du professeur, le plaisir de jouer est le plus important. Les thèmes sont diversifiés : orthographe, expressions, histoire, géographie... de 13h10/13h30. On joue avant de repartir à l'école..apprendre en s'amusant et en famille, c'est possible!

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